12 Octobre 1997 - Dylan Warren, cinq ans, déménage à Williamsburg. Tristement, je laisse mes petits doigts jouer avec la fourrure rose de mon nounours qui, malgré le temps qui passe, continue de sentir bon la fraise. Un nounours que ma maman elle m’a offert pour mon cinquième anniversaire, un nounours que je continue de chérir tant je l’aime super gros comme çaaaa ! « Maman… » Pas de réponse. Doucement, je renifle avant de relever mes petits yeux larmoyants vers ma maman qui ne semble pas réellement faire attention à moi. « Maman… je veux pas dénénager. » Sans quitter la route des yeux, maman répond : « On dit déménager mon chéri. Et il le faut. ». Coupable, elle finit par me regarder via le rétroviseur, son regard, il est tout triste, comme moi. « Je veux pas… » Je baragouine finalement avant de cacher mon visage dans le bidou de mon Teddy Bear. Au volant, maman soupire. Je sais qu’elle est triste. Qu’elle aussi, elle ne veut pas partir. Mais maman dit qu’on doit le faire pour papa. Parce que papa, il a des ennuies et qu’il faut l’aider. Du coup, on change de maison. Pour gagner de l’argent, on va habiter au dessus de la pizzeria de papa et maman. Moi, je suis content de vivre à la pizzeria de papa, mais je suis quand même triste de perdre mon n’amoureux. « Ammiel il pourra venir à la maison ? » Dis-je finalement en relevant les yeux vers le rétroviseur. Maman soupire à nouveau. « Je ne sais pas mon chéri. » Cette fois, c’est décidé : je suis vraiment triste. J’ai pas envie de perdre mon copain moi ! Je veux qu’on grandisse ensemble, qu’on fasse plein de jeux, qu’on construise une maison dans un arbre et même qu’on aille dans l’espace ! Comme maman et papa, on fera des bébés et on aura un chien ! Un gros chien ! On l’appellera Petit-pieds, parce que j’adore le petit dinosaure… en fait, j’adore les dinosaures ! Pas autant que j’adore Ammiel mais presque ! Les larmes aux yeux mais le sourire aux lèvres, je finis par poser ma tête contre Teddy et m'endors presque aussitôt. Peu importe ce que maman dit, moi je serai un n’amoureux avec Ammiel et j’aurai un grooos chien avec de petits pieds !

11 Avril 2012 - Dylan, 20 ans, tourne la page de son adolescence. Ma promesse, mes rêves de gamin, je les ai très vite oubliés. Ammiel est aujourd’hui un souvenir vague auquel je repense de temps en temps sans pour autant être capable de me rappeler ne serait-ce que de son prénom. Sans réellement le vouloir, j’ai tiré un trait sur lui, sur nos projets de cabane dans les arbres et sur mes rêves d’astronaute. J’imagine que c’est ce qui fait parti des prérequis pour pouvoir rentrer dans l’âge adulte. Oublier ses rêves d’enfance, oublier ses amours de jeunesse. Plus mature, j’essaie de me focaliser sur mon avenir, sur ma carrière. Malheureusement pour moi, je n’ai jamais réellement été du genre studieux. L’école, ça n’a jamais été fait pour moi. Mon baccalauréat en poche, j’ai vite fait de tout laisser tomber. Mes parents, bien que tristes à l’idée de me voir renoncer à une éducation supérieure, ont fini par accepter mon choix.  Alors oui, travailler dans un pub en tant que barman n’a rien de bien extraordinaire, mais ca me permet de garder la tête hors de l’eau et n’est-ce pas le plus important ? Mon travail me plait, mes collègues et employés me respectent… Tout est parfait. Du moins ça aurait dû l’être. Malheureusement, je n’ai jamais été du genre à me contenter du minimum. Je suis un rêveur et rêver est certainement ce que je fais de mieux. Toute ma vie, j’ai joué la sécurité. Je n’ai jamais vécu bien loin de mes parents, je n’ai jamais fait le con que ca soit avec mes potes ou pour impressionner les filles. Tout, tout ce que j’ai fait a toujours été réfléchis, préparé. Je m’ennuie. Je me fais chier. Pour une fois, je voudrais vivre une aventure. Quelque chose que je n’aurais pas prévu, quelque chose qui me ferait sortir de cette torpeur dans laquelle je me suis embourbé. Alors parfois j’essaie.  J’essaie de bousculer les choses, d’être moi-même. Chose que je fais de plus en plus souvent. Laissant derrière moi le gars discret et toujours poli, j’essaie d’être plus joueur, d’être plus charmeur. Et franchement, ca me plait. J’ai l’impression d’être moi, j’ai l’impression d’être redevenu ce gamin qui pouvait être qui il voulait du moment qu’il en avait l’idée. Et ce que je veux être, c’est moi-même. Vivre ma vie de façon à bouleverser mes habitudes. Je veux pouvoir vivre ma vie à cent pour cent sans avoir peur des qu’en-dira-t-on ou du regard des autres. Mon père, il sait ce que je ressens, pour la simple et bonne raison que lui aussi, a connu le même désespoir. Désespoir qui l’a conduit à chercher la solution dans la drogue, drogue qui nous a finalement mené à vivre au dessus de la pizzeria. Alors non, je ne serai pas mon père. Si je prends de la poudre, je le ferai pour m’amuser, pas pour fuir mon désespoir. Si je dois céder à mes envies de sauter ma collègue serveuse et bien je le ferai ! Je veux être qui je suis, je veux être celui dont j’ai envie. J’ai passé toute mon adolescence à me satisfaire du nécessaire, il est temps que je réclame ce que je mérite. Et ce que je mérite, c’est une vie digne de ce nom ! « Dylan ? Qu’est-ce que tu fais ; On va le boire ce verre ou pas ? » Arraché de mes pensées par le sourire de Lyla, je souris. Collègue ou pas, elle est à moi. « Ouais, allons-y ! »

20 Mai 2017 - Dylan, 25 ans, sourit à la vie. Ca fait maintenant cinq ans que je me suis décidé à être moi même. cinq ans que je travaille pour la même boite, cinq ans que je bosse comme un acharné pour pouvoir mener de fronts mes hobbies et mon boulot. Personnellement, je pense que je m’en sors plutôt bien. Mes parents semblent heureux de me voir voler de mes propres ailes et je dois bien avouer que j’en suis plutôt fier. Et j’ai beau ne pas être du genre à m’en vanter, j’avoue avoir pris confiance en moi. Je suis finalement arrivé à un stade ou le seul avis qui m’importe est le mien et uniquement le mien. Fini les prises de tête et les remises en question, je me contente de prendre plaisir à vivre ma vie et à partager celles des autres. Plus ouvert et moins renfermé sur moi-même, je me suis découvert un côté sarcastique et joueur que je ne me soupçonné pas vraiment. J’aime bien blaguer et sociabiliser. Mais j’ai beau m’être ouvert, je n’en reste pas moins moi-même. Pas très bavard, je ne me force pas et me contente de parler quand l’envie m’en prend. Tout est naturel, rien n’est forcé. J’ai d’ailleurs eu l’occasion de reprendre la boxe que j’avais abandonné en cours de route durant mon adolescence. Un sport qui m’a toujours plu et qui me plait de plus en plus. Je n’irais pas jusqu’à en faire des compétitions, mais taper sur quelqu’un de temps en temps, ca fait du bien. A côté de cela, j’ai fini par emménager avec Lyla qui, aussi parfaite soit-elle, semble réellement croire que je suis le prince charmant. Personnellement, je ne me suis jamais vu comme tel. Mais j’avoue être flatté. Et tout le monde sait à quel point je suis sensible à la flatterie.  Surement un peu macho, j’aime bien être au centre de l’attention des personnes qui m’attire. En parlant de ca, il y a un petit nouveau au boulot qui me parait plus que bien. Sympa, marrant, il m’amuse pas mal. Et va savoir pourquoi, j’ai vraiment l’impression qu’il me comprend… Lyla pense que c’est juste un autre lèche-bottes mais je suis persuadé que c’est autre chose. Enfin, tout ca pour dire qu’il est marrant et que je l’aime bien. C’est un peu comme retrouver un vieil ami d’enfance. Enfin, bref, tout ca pour dire que tout se déroule au mieux. Et franchement, c’est un vrai plaisir de pouvoir vivre dans ces circonstances. Je suis heureux, j’aime ce que je fais, j’apprécie mon entourage, que demander de plus ? Plus d’aventures ? Va savoir pourquoi, j’ai comme l’impression que ca ne va pas tarder ! Mais en attendant, direction Dominos. C’est que je me ferais bien une petite pizza et un petit joint moi…